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Traditions gaullistes et réalités européennes
Depuis les bases gaullistes de son actuelle politique extérieure, la  France n'a cessé de considérer la Russie comme un contrepoids, du moins  potentiel, face aux USA avec lequel on peut sinon fonder une coalition,  du moins "flirter". L'effondrement de l'URSS a certes été salué du point  de vue anti-communiste, cependant dans la perception géopolitique  française il n'a pas eu que des répercussions positives sur Paris. La  fin de l' "ordre de Yalta [1] ",  dans lequel Paris pouvait conserver (du moins formellement) son  indépendance, a rendu nécessaire une complète redéfinition du rôle de la  France dans le monde. La France a dû abandonner son attitude au départ  réticente envers l'élargissement, très critiqué par la Russie, de l'OTAN  et tolérer une extension des structures euro-atlantiques. 
 Le rapprochement de la France vers l'OTAN suite à la guerre de Bosnie  ainsi que l'intervention de l'OTAN au Kosovo montrent bien que le "grand  écart" que fait la France entre l'ordre euro-atlantique et la Russie  pèse plus lourd dans la politique française que ne le laisseraient  supposer les alliances partielles et temporaires entre la France et la  Russie au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies. 
Et pourtant, le souhait d'une Russie plus forte semble dominer dans la  perception française, ce qui lui fait sous-estimer l'étroitesse actuelle  de la marge de manœuvre de la diplomatie russe. De même que les USA  visent une "Ukraine forte" au sein d'un "pluralisme géopolitique", la  France cède en partie à la tentation d'une "Russie forte" au sein d'une  "ordre mondial multipolaire". Mais les débats sur l'extension de l'OTAN  et la charte OTAN-Russie élaborée par les USA et cette dernière montrent  déjà qu'une telle orientation est limitée. Il en va de même des débats  actuels sur la politique européenne de sécurité et de défense à laquelle  la Russie souhaiterait être intégrée, ce qui ne semble cependant pas  possible pour le moment. 
 Pourtant, étant donné les efforts pour créer un nouvel ordre européen,  un consensus entre l'Allemagne et la France est absolument nécessaire.  Il est tout à fait pensable que les différentes orientations se révèlent  ici complémentaires. Cela suppose néanmoins une "européisation" des  politiques: pour l'Allemagne, cela signifie prendre conscience d'un  dialogue européen stratégique avec la Russie; pour la France, prendre  conscience que le concept d'un "ordre mondial multipolaire" n'a de sens  qu'avec une politique russe uniforme de l'Europe. L'Allemagne peut faire  jouer ses relations bilatérales traditionnellement bonnes et son  "levier économique" en faveur de la politique européenne tout autant que  peut le faire la France en tant que puissance nucléaire et membre  permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU. La diplomatie russe, qui  préfère des contacts bilatéraux avec les Européens à un cadre  multilatéral, tente certes adroitement de communiquer directement avec  les Etats européens; il n'en reste pas moins que les Européens devraient  parler d'une seule voix. 
