- Politische Struktur, Zentralismus, Dezentralisierung
 - Einleitende Vorbemerkung
 - Die Saar zwischen Deutschland und Frankreich
 - Wechselvolle Zugehörigkeiten
 - Wirtschaftliche Konflikte
 - Die Lösung der Saarfrage
 - Zwei Fallbeispiele: Saarlouis und Marpingen
 - Die Saarfrage als "Kampf der Kulturen"
 - Der saarländische Sonderweg 1945 - 1955
 - Föderalismus und regionale Selbstbestimmung
 - Literatur und Internetlinks
 - Grenzraum Saar-Lor-Lux - eine Modellregion für Europa?
 - Wirtschaftsbeziehungen im saarländisch-lothringischen Grenzraum
 - Grenzregionen zwischen Frankreich und Deutschland: Das Beispiel des Elsass und der Oberrheinregion
 - Deutsche Zuzügler im südlichen Elsass - Probleme der Europäisierung des Immobilenmarktes
 - Kapitalverflechtungen im europäischen Integrationsprozess, dargestellt am Beispiel der elsässischen Oberrheinregion
 - Energie und Umwelt in Frankreich und Deutschland
 - Regionale Beispiele
 - Paris & Berlin - Hauptstadtporträts
 
'Saarpolitik'
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Auszüge aus einer Direktive des französischen Außenministers an den Hochkommissar im Saarland vom 17. Januar 1948 
 Aus: Rainer Hudemann unter Mitarbeit von Marcus Hahn, Quellen zur saarländischen Geschichte 1945-1959, i.V. 
 Projet d´instruction au Haut-Commissaire Francais en Sarre 
 Une instruction en date du 4 juillet 1947, adressé au Général Commandant  en Chef Français en Allemagne, a précisé les lignes de la politique  française en Sarre au cours des mois qui allaient suivre. Les  dispositions permanentes de cette note demeurent valables ; cependant,  au moment où les transformations d'ordre èconomique et politique voulues  par la France sont en voie de réalisation, il apparaît nécessaire de  compléter ces directives en fonction de la situation nouvelle. 
 Deux documents répondront à ce but:
 Le premier d'ordre économique apportera les conclusions tirées par le  Gouvernement des travaux de la Commission dite du "Plan de la Sarre". Le  second d'ordre politique, est la présente instruction: 
 La politique française en Sarre doit s'inspirer de deux ordres de  considération: d'une part, la consolidation des positions françaises,  d'autre part, le libre développement de l'autonomie sarroise. Le  maintien de l'équilibre entre ces deux tendances devra être la  préoccupation constante de notre représentation en Sarre, dans le triple  domaine économique, politique et culturel. 
 I°/- Au point de vue économique
 Par ses mines de charbon, par son industrie sidérurgique, enfin, par  l'ensemble de ses richesses industrielles, la Sarre représente pour  l'économie française un complément important de sa capacité de  production. Un des premiers buts doit donc être la remise en état et le  développement des installations industrielles sarroises. 
 Cette tâche revêt un aspect délicat lorsqu'il s'agit de secteurs où à  brève ou à longue échéance, la concurrence peut jouer entre la  production française et la production sarroise: c'est notamment le cas  de la sidérurgie. La France ne peut évidemment sacrifier ses intérêts  propres aux intérêts sarrois. L'économie française ne doit pas se  trouver atteinte par les dispositions qui seront prises en faveur de  l'économie sarroise, aussi bien au point de vue des besoins de  main-d'oeuvre, pour quelque temps encore plus urgents en Sarre qu'en  France, qu'au point de vue des tarifs de transports et des prix à la  mine ou à l'usine. De délicats problèmes de "taux de marche" vont se  poser, nécessitant des arbitrages difficiles. 
 Si, d'autre part, la France doit préserver en Sarre des positions  capitales, c'est-à-dire essentiellement les mines et le contrôle de la  sidérurgie, il faut laisser aux Sarrois une place à l'intérieur des  entreprises et sociétés où la majorité est maintenant française, notre  politique devant être, avant tout, là comme ailleurs, une politique  d'association. Il convient aussi d'empêcher l'éviction de Sarrois par  les Français, dans toutes les affaires où des intérêts essentiels ne  l'imposent pas. 
 D'une façon générale, les échanges commerciaux franco-sarrois devront  être encouragés, de façon que le commerce de la Sarre s'oriente  délibérement vers la France. Dans le même sens, les échanges avec tous  les pays de l'Ouest et du Bassin Méditerranéen devront être développés  au maximum. 
 II°/- Au point de vue politique
 Telle qu'elle ressort déjà des directives antérieures, la politique  française en Sarre est nette: il ne s'agit point d'annexer un  territoire, ni même d'organiser une simple autonomie administrative à  l'intérieur du territoire métropolitain. Sans constituer un état  proprement dit, puisque l'ensemble des affaires extérieures de la Sarre  est de la compétence française, la Sarre n'en est pas moins une entité  politique parfaitement autonome, et les seules limites apportées à sa  liberté de législation et de juridiction sont celles qui résultent du  rattachement économique et des nécessités de la sécurité française. 
 Dans ces conditions, la politique française à l'égard de la Sarre peut se ramener aux objectifs suivants:
 a) veiller au maintien de l'indépendance du territoire de la Sarre  vis-à-vis du Reich, quelle que soit la forme politique que l'Allemagne  prendra au cours des années à venir. Toute velléité de rapprochement  avec un Etat allemand, quel qu'il soit, mettrait en effet immédiatement  en cause le principe du rattachement économique et les avantages qui en  résultent. 
 b) Développer les libertés publiques en Sarre. Il convient que les  Sarrois se convainquent qu'ils ont vraiment la libre disposition de leur  organisation collective. La France intervient pour les aider, pour  favoriser leur reconstruction, la marche de leurs services publics, le  perfectionnement de leur législation ; mais ce progrès de l'ordre  politique et social doit se faire dans une atmosphère de libre  discussion, grâce au développement d'un esprit public libéral. Le  Haut-Commissariat s'attachera à marquer aux yeux de la population la  différence essentielle qui sépare le régime d'occupation militaire du  régime, théoriquement au moins, d'exception, qui impliquait de la part  de l'autorité française des pouvoirs quasi discrétionnaires, la Sarre  doit avoir le sentiment qu'elle est maintenant redevable à la France de  l'exercice des libertés démocratiques et des garanties personnelles.
 c) Garantir la bonne administration du territoire. Ce but sera d'autant  mieux atteint que la France se gardera d'intervenir directement dans  l'administration du territoire, et se montrera plus discrète. Il  conviendra donc de réduire au minimum nos interventions. Une immixtion  continuelle de la part des services français irait contre nos intérêts  les plus évidents ; notre effacement sera, par contre, le meilleur  stimulant de l'administration sarroise qui doit, dès maintenant, prendre  nettement conscience de ses responsabilités. 
 Ces directives générales doivent guider l'usage que le Haut-Commissaire fera de ses pouvoirs. 
 Il s'efforcera de laisser le maximum de latitude aux autorités sarroises  politiques ou administratives; l'article 5 du décret fixant ses  attributions lui donne le moyen de réduire ses interventions au strict  minimum, tout en réservant les droits reconnus à la France : le  Haut-Commissaire peut laisser le Gouvernement Sarrois ou  l'Administration Sarroise prendre des décisions en des matières qui  normalement sont de la compétence française, quitte à rependre ensuite,  s'il le faut, son droit de réglementation. Appliquée à des matières  d'importance secondaire, cette méthode doit permettre und allègement du  contrôle, sans pour cela en affaiblir la portée. 
 [...] 
 III°/- Au point de vue culturel
 Notre but est d'assurer à la culture française en Sarre, un  développement constant ; mais il faut prêter attention au contre-coup  que des mesures maladroites ne manqueraient pas de provoquer. Tout doit  être mis en oeuvre pour éviter que des positions excessives n'éveillent  un nationalisme qui pourrait trouver plus tard dans un renouveau du  germanisme les encouragements dont il manque pour le moment. 
 La France a un intérêt évident à favoriser une coupure entre la Sarre et  le reste de l'Allemagne. Toutefois, la force de liens traditionnels,  les principes même de notre action en Sarre nous obligent à faire preuve  du maximum de tact. Il nous faudra laisser jouer l'autonomie sarroise  sans mettre ouvertement en avant l'influence française. Il importe de ne  pas sacrifier par une propagande trop voyante les excellents atouts que  sont les particularismes locaux. 
 [...] 
 Plus importante encore sera l'action à mener dans le domaine de  l'enseignement. Tout en s'interdisant une immixtion directe dans  l'organisation de l'enseignement sarrois, les autorités françaises  devront exercer un contrôle efficace sur sa qualité et son esprit. Ce  contrôle constituera la meilleure garantie d'avenir du "Centre  d'Enseignement Supèrieur et de Recherches Scientifiques" de Hombourg.  Grâce au bilinguisme, au concours de professeurs français et sarrois, et  à une certaine équivalence des programmes, il sera possible de réaliser  sur le plan de l'enseignement supérieur et de la formation des cadres  une interpénétration des deux cultures qui nous attachera les Sarrois en  même temps qu'elle contribuera au rayonnement de la France vers  l'Allemagne rhénane. 
 Quel que soit le domaine auquel s'applique son action, le  Haut-Commissaire s'attachera toujours à souligner la différence qui  sépare le regime nouveau du régime de l'occupation militaire. Si nous ne  savions pas marquer la transition et renouveler nos méthodes, si nous  donnions l'impression d'introduire sous une autre étiquette la technique  quelque peu pesante de l'occupation militaire, notre présence même ne  pourrait dissimuler longtemps l'échec de notre politique. Au contraire,  s'il tient bien en main un personnel actif et point trop étoffé, s'il  intervient le plus discrètement possible, s'il évite tout ce qui  pourrait froisser les susceptibilités et engager dans la voie de  contrôles trop lourds ou de contraintes brutales, s'il sait aussi faire  comprendre que c'est à la présence française que les Sarrois doivent la  jouissance des libertés politiques et de l'autonomie administrative, le  Haut-Commissaire doit atteindre les objectifs qui lui sont fixés par la  présente instruction. 
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