La recherche sur les conceptions allemandes de l'Europe au XIXème est assez limitée. Nombreux sont ceux qui avaient repris l'idée d'"Etats unis d'Europe" juste avant les révolutions de 1830 et 1848. Lors de la Fête de Hambach, le publiciste Wirth (1798-1848) porta un triple toast en l'honneur de l'"Europe républicaine confédérale", l'étudiant Brüggemann s'enthousiasmait pour les "Etats libres d'Europe". C'est tout particulièrement dans la première moitié du XIXème siècle qu'il existait de nombreux groupements qui se passionnaient pour la Grèce ou la question polonaise; politiquement libéraux, parfois même démocratiques, ils croyaient en une Europe fraternelle dans le sens de Victor Hugo. Après 1848, l'enthousiasme pour l'Europe diminua un peu, car la question d'un Etat national allemand prenait de plus en plus le devant de la scène. Depuis Metternich existait également une conception d'une, en quelque sorte, "petite" Europe, c'est-à-dire l'Europe centrale (Mitteleuropa). Pendant la Première Guerre mondiale l'Allemand Friedrich Naumann a développé cette conception dans un livre et considérait l'Allemagne comme le centre de l'Europe centrale, tandis que la monarchie austro-hongroise entendait par Europe centrale plutôt la région du Danube.

Dans le cadre des mouvements pacifistes, le thème d'une Europe unie resta cependant tout autant actuel. Il faut citer ici Bertha von Suttner ^[2] (1843-1914), ainsi qu'Anette Kolb (1870-1967) qui de par la revue "Internationale Rundschau" offrit un forum de discussion aux intellectuels européens partisans d'une Europe pacifique et unie au niveau culturel.