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'La presse populaire en France - AUJOURD'HUI EN FRANCE et FRANCE-SOIR'
 
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La presse populaire en France - AUJOURD'HUI EN FRANCE et FRANCE-SOIR

En France, il n'existe pas de véritable presse populaire étant donné que la diffusion des journaux en question n'est pas assez élevée. On trouve dans ces quotidiens un grand nombre d'articles informatifs sur la politique, l'économie et sur bien d'autres sujets sérieux encore.

En un mot, la presse populaire française n'est plus exclusivement une presse à scandales et à sensations, ce n'est plus "une presse du concierge". De plus, la PQR s'est rapprochée de la presse populaire, elle aborde des sujets similaires et utilise un langage semblable. N'omettons pas que, recevant des subventions de l'Etat, les journaux en question ne peuvent pas écrire tout ce qu'ils veulent (68).

Cependant, si l'on veut examiner toute la gamme de la PQN française, il est nécessaire de présenter FRANCE-SOIR et AUJOURD'HUI EN FRANCE (édition nationale du PARISIEN) étant donné qu'ils accomplissent plusieurs fonctions de la presse populaire. Ce sont des journaux pour tout le monde qui veulent informer et distraire en publiant des histoires de la vie de tous les jours et en donnant des conseils pratiques pour la vie quotidienne. Le langage utilisé est simple, souvent familier et très expressif. Les journalistes se servent du code oral aussi bien que du registre standard. La une d'AUJOURD'HUI EN FRANCE du 18 avril 2001 (fig. 8) témoigne de la coexistence des deux codes.

Fig. 8

La une d'AUJOURD'HUI EN FRANCE du 18 avril 2001

 

 

 

 

 

 

 

Dans le titre principal "Pourquoi ça va durer", la contraction ça du pronom cela appartient au code oral aussi bien que le verbe rater qui a été employé dans le titre "Trois films français à ne pas rater" au lieu du verbe manquer qui appartient au code écrit. Par contre, la négation composée ("ne pas rater") qui réapparaît dans un autre titre ("Jospin n'a rien annoncé") est conforme aux normes du code écrit, tout comme la syntaxe de la légende placée tout en bas de la une: on y constate l'hypotaxe [1]  ainsi que plusieurs constructions nominales et participiales qui servent à la condensation du message (69).

Un autre exemple nous est fourni par le grand titre de FRANCE-SOIR: "OGM: Bové veut faire des petits" (fig. 9). C'est une tournure familière pour dire que Bové veut avoir des successeurs et militants. Des troncations comme le foot et ado et des anglicismes comme zapper (FRANCE-SOIR, fenêtre) sont fréquents dans ce genre de presse.

Fig. 9

La une de France-Soir du 18 avril 2001

 

 

 

 

 

 

 

 

Constatons que la presse populaire française est devenue plus libre à l'égard de la langue et qu'elle aime bien donner des jugements ou exagérer et personnaliser (70) l'information. C'est une presse qui vise toujours l'intérêt humain (human interest) dans ses titres et articles.

Maintenant, on constate pourtant de nouvelles évolutions. Bien qu'AUJOURD'HUI EN FRANCE du groupe Amaury subsiste et ait même réussi une légère augmentation de sa diffusion, celle de FRANCE-SOIR, par contre, se trouve en chute libre, ce qui a provoqué des licenciements et des grèves (71). La presse populaire française disparaîtra-t-elle bientôt? Si c'en était le cas, il ne faudrait pas s'en inquiéter: la PQR (tout comme TF1 et M6) est déjà en train de reprendre ce rôle.

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Notes

(68) LE CANARD ENCHAINE est le seul hebdomadaire pouvant se permettre de critiquer et de satiriser le gouvernement, il a donc une fonction de "valve". 

(69) Pour plus de détails, voir Grosse/ Seibold 1996, 80-114.

(70) Cf. l'article "Votre chien mange mieux que vous": personnification du chien Médor, proximité aux lecteurs: "vous ", la parole leur est directement adressée.

(71) Le Monde, 6/4/2001,23; 13/6/2001,20; 16/10/2001,23; 19/10/2001,23; 23/2/2002, 21 (au sujet de l'impression partielle du quotidien gratuit METRO sur les rotatives de FRANCE-SOIR); 14/9/2002,23 (plan d'économies, grèves). Stratégies 13/4/2001,28; 25/5/2001,28; 11/10/2002,3 et 30 et 21/2/2003, 22 ("France-Soir à la sauce Bouvard", au sujet de la nouvelle formule introduite à partir du 24 février 2003).