L'an 2001 pourrait bien apporter aux Européens une première mise à l'épreuve si les USA décident d'inscrire au calendrier stratégo-politique européen les débats concernant un nouvel élargissement de l'OTAN ainsi que la National Missile Defence (NMD). Il faut dès maintenant commencer dans le cadre européen à réfléchir à ces questions qui auront des incidences non négligeables sur l'ordre européen de sécurité. En matière de sécurité, Paris et Berlin doivent se mettre d'accord sur les frontières de l'Union européenne élargie afin de ne pas se voir mises par les USA devant des faits accomplis. Il s'agit ici de tenir compte des intérêts des pays d'Europe centrale concernant la sécurité tout en évitant de créer un conflit permanent avec la Russie.

La France et l'Allemagne ne devraient donner à leur politique comme objectif ni une Russie "faible", ni une Russie "forte", mais bien plus une Russie "européenne". D'un point de vue historique, l' "européisation" signifie s'écarter des ambitions de grande puissance, un processus que la France et l'Allemagne ont effectué de manières tout à fait différentes. Dans ce sens, l'européisation signifie l'impossibilité de faire revenir en arrière le nouvel ordre européen ainsi que la prise de conscience que les Européens ne peuvent construire leur continent qu'ensembles. L'intérêt des Européens ne peut résider ni dans une stratégie de "la Russie d'abord", ni dans une stratégie de "pluralisme géopolitique" poussée à l'extrême, mais au contraire dans une stratégie basée sur la coopération régionale et subrégionale. La coopération de la Russie avec ses voisins ^[2] au niveau subrégional présente un intérêt spécifique pour les Européens, cependant cette coopération doit respecter l'indépendance de ces Etats.